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La transformation digitale concerne aussi les PME !
La France est un beau pays. Qui, malheureusement, n’est qu’au 16ème rang de la transformation numérique dans l’Union Européenne(1). Et s’il en est ainsi, c’est en partie parce que, alors que la plupart des grandes entreprises ont entrepris leur mue, 38% des patrons de PME sont sceptiques à l’égard de cette transformation, et seulement 10% sont moteurs(2).
Des raisons impérieuses
Tout devrait pourtant pousser ces chefs d’entreprise à s’intéresser au numérique. La relation avec les clients, d’abord. Si leur activité s’adresse au consommateur, des outils comme les réseaux sociaux sont déjà de puissants leviers de contact marketing et seront demain des pièces essentielles d’interaction avec ses clients, qui, bien souvent, baigneront dans cet univers.
Et si la PME a pour clients de grandes entreprises, celles-ci gèreront de plus en plus leurs sous-traitants et fournisseurs à travers des process numériques, au point que les PME qui n’auront pas franchi le pas risquent fort de se voir marginalisées. On connaît l’exemple d’Airbus et de ses sous-traitants : commandes, gabarit des pièces, tout s’inscrit dans une véritable chaîne numérique. Mais pensons à l’industrie automobile, qui souhaite mettre en place le carnet d’entretien informatisé : basé sur la technologie Blockchain, celui-ci sera infalsifiable et donc opposable aux tiers ; mais aussi, il créera un univers de données commun aux acteurs de la filière, dont les garages … qui ont tout intérêt à s’intégrer dans cet univers pour proposer de nouveaux services.
Le modèle d’affaire, ensuite. Ainsi pour les PME qui vendent des produits : il va devenir de plus en plus facile et peu coûteux d’équiper ceux-ci de capteurs connectés. Le fournisseur pourra ainsi proposer des contrats de maintenance, détecter des anomalies de fonctionnement avant même qu’elles ne dérivent en panne, et générer un chiffre d’affaire de service.
Que les acteurs économiques le veuillent ou non, la transformation numérique va les rattraper tous, grands et petits. Facturation et règlements en ligne, mais aussi coopération élargie entre membres d’un même écosystème, vont s’imposer. Et cela d’autant plus que le coût des outils numériques a fondu : on trouve désormais des systèmes de gestion de la relation clients pour quelques dizaines d’euros par mois, et une communication avec un capteur connecté pour un euro par mois ! La fabrication additive (3D printing) va elle aussi voir ses coûts baisser, d’autant qu’elle pourra être exploitée en mode partagé.
Comment faire mieux ?
Qu’est-ce qui retarde le passage à l’acte ? Sans doute faut-il invoquer ici le vieillissement de la population des responsables de PME en France, en comparaison de l’Allemagne ou de l‘Italie. Il y a donc un effort à faire dans l’éducation donnée à la jeune génération, pour qu’elle ne s’empare pas seulement de Facebook mais se sente aussi à l’aise avec des outils numériques professionnels et qu’elle fasse sienne la vision de ce qui peut en être fait pour faire évoluer la façon de travailler.
De plus, rien de ceci ne se fera sans accompagnement. Les entrepreneurs sont, bien souvent, des femmes et des hommes seuls. Ils sont au four et au moulin. Il leur est difficile de dégager spontanément du temps pour penser à la transformation digitale. Les Pouvoirs Publics ont ici un rôle incitatif décisif à jouer. En Allemagne, par exemple, le programme Mittelstand 4.0 porté par les Länder propose aux PME de venir expérimenter au sein d’agences réparties sur tout le territoire, les nouveaux modes de travail et de production numérique, tandis que ces entreprises peuvent bénéficier de facilités de financement (programmes Go Digital et Go Inno). Certes, en France, le ministère de l’Economie cherche à développer des moyens d’accompagnement, mais ceux-ci sont encore bien faibles, alors que les besoins sont immenses : formation, aide à la définition des objectifs, mise en place, conduite du changement … et qu’il faut trouver des procédés pour en mettre les coûts à la portée des PME. Or il existe pour ce faire des professionnels compétents, associations de bénévoles, réseaux de professionnels compétents – sans fausse modestie, XMP Consult en fait partie –, start up spécialisées, qui pourraient contribuer à accélérer un mouvement indispensable et, avec l’appui des Régions, à le porter à l’échelle souhaitable.
Dominique Tessier
d.tessier2@orange.fr
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