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Consultant, connais toi toi-même
Fort de plus trois décennies de consulting, Eric Coursin analyse pour nous son parcours, déterminé à la fois par les changements dans le monde de l’entreprise et par un fil conducteur personnel. Une démarche d’analyse utile et recommandée à tous.
C’est à des moments clés de son parcours de consultant que l’on prend le temps de réfléchir et d’analyser ce qui en fait sa spécificité, son unité, sa logique, une démarche riche d’enseignements et d’inspiration nouvelle.
Un premier niveau de lecture, en surface, permet de passer en revue les secteurs métiers parcourus, et leur succession dans le temps. Pour moi, cela a été la banque, l’assurance, l’ingénierie et enfin l’industrie… Cela permet aussi de se poser des questions sur cette évolution. Pourquoi ce parcours ? Est-ce le hasard des situations et des rencontres ou bien y a-t-il des raisons plus profondes ? Creusons un peu...
Le consultant que je suis devenu s’est construit au cours de ses interventions successives. Chacune a apporté sa pierre à l’édifice ; ce sont ces expériences qui ont bâti, pas à pas, mes capacités de management et mon savoir-être de consultant. L’apprentissage s’est fait dans un premier temps par la participation à des projets impliquant des changements informatiques (automatisation, changements d’infrastructures) puis à des programmes plus complexes de changement de système d’information impliquant la redéfinition des rôles des utilisateurs ou des adaptations ou la création de postes ou métiers. Dans un second temps, l’accompagnement des utilisateurs lors de ces opérations que l’on peut regrouper sous le terme générique de « transformation » m’a permis de mieux comprendre les difficultés rencontrées sur ces projets, de me rapprocher de la vision des utilisateurs, et in fine, de bâtir un point de vue métier sur les opérations de changement de système d’information. C’est cette révélation de l’impact du changement et de ses effets lors des grandes opérations de digitalisation dans l’entreprise qui, finalement, aura été le fil rouge de mon approche de consultant.
Un second niveau d’analyse permet d’identifier les savoir-faire fonctionnels que j’ai pu développer au cours du temps. Regardons de plus près… En tant que jeune ingénieur, j’ai d’abord découvert les systèmes d’information, mais j’ai eu rapidement envie d’évoluer vers le système organisationnel, mesurant d’une part les contraintes et les limites des populations informatiques, et d’autre part, a contrario, l’intérêt de l’échange avec les utilisateurs et les métiers, qui avaient besoin de traducteurs-interprètes lors de ces chantiers. Ces premiers contacts m’ont permis d’explorer des univers fonctionnels complets lors des refontes de systèmes d’information dans la banque de détail au cours des années 1990 : le crédit affecté, la location financière (LLD, LOA) puis, avec la prise en compte de l’existence du client et de ses besoins, le virage des bases client et du CRM dans les années 2000, toujours dans la secteur bancaire. La décennie suivante sera celle du virage vers le « processus », car le monde est passé de l’expansion à un cycle d’optimisation et de rationalisation, les changements de référentiel (euro) puis les crises sont passées par là. Je vis cette étape se fait dans un secteur en fort besoin d’adaptation aux réglementations et aux nouveaux usages client, celui de l’assurance des personnes.
La mesure du processus, les comptages, les tableaux de bords, puis de leur interprétation, marqueront la décennie suivante. Une rencontre, un hasard, me permet d’appliquer ces savoirs accumulés dans le cadre de mise en place d’ERP. C’est le virage vers l’ingénierie qui me mènera ensuite à l’industrie. Nouvel arrivant dans cet univers, je me suis d’abord focalisé sur la mise en œuvre de démarches LEAN sur des processus périphériques ou spécialisés, tels les processus d’achat de cuivre d’un câblier, avant de les adapter dans le cadre d’une externalisation partielle des tâches administratives.
L’ultime étape, en cours actuellement, est la découverte du produit industriel et de son cycle de vie. A nouveau, savoir-faire acquis sont d’une grande utilité dans la plongée dans ce nouvel environnement. C’est l’ouverture vers la digitalisation et le déploiement du jumeau numérique.
Troisième niveau d’analyse, le développement des relations interpersonnelles, qui, dans mon cas, s’est construit parallèlement dans le cadre des structures où je suis intervenu : d’abord un grand cabinet de la place où j’ai fait mes premières armes de consultant, puis une SSII dans laquelle j’anime le groupe des consultants (commerce, BU) puis ma société, créée pour proposer une vision outillée du conseil. Après la crise de 2008 et ses effets qui se font sentir jusqu’en 2011, je fais le choix de changer de business model et de devenir « consultant indépendant ». De vraies questions se posent : comment continuer de faire son métier alors que les modalités d’intervention sont totalement remises en cause ? C’est à ce moment où la rencontre avec XMP-Consult est déterminante. Partager avec ses pairs son expérience, son parcours, échanger sur les approches commerciales, disposer d’une audience bienveillante pour partager ses difficultés et in fine, développer son réseau afin d’élargir les opportunités de contact.
Au contact de XMP-Consult, je constate que beaucoup ont fait la transition vers le coaching, le conseil de direction, le support au donneur d’ordre. C’est alors une relation commerciale P2P qui se développe. D’autres utilisent les rigidités de notre droit du travail et continuent de s’intégrer dans les logiques qu’ils connaissent, ils ont alors recours à la solution du management de transition. Il y a aussi l’expertise, qui si elle a été développée de nombreuses années dans un environnement donné peut se valoriser (formation, expertise judiciaire, audits, etc.), à la condition que le cycle économique et les nouvelles technologies le permettent. La difficulté est alors de durer et de se renouveler, et ce malgré les changements d’environnement qui viennent rebattre constamment les cartes. Enfin, certains se mobilisent pour créer ou recréer leur structure dans le nouvel écosystème des startups.
Mon parcours dans le monde du conseil m’a conduit naturellement à capitaliser sur ma capacité d’action dans le cadre des opérations de modification des processus métiers liés à leur digitalisation, ce qui restera la valeur ajoutée principale et donc l’ADN de mon parcours. Pour ce faire, je choisis de me rapprocher des plateformes qui se montent alors, dans la vague de l’ubérisation ambiante. La mise en relation avec la demande est porteuse, car cela ouvre mes horizons, ce qui me manquait à ce moment. Le travail sur moi mené en parallèle chez XMP-Consult me permet de passer les étapes nécessaires à cette transition, l’approche commerciale du consultant indépendant, l’animation d’un collectif, sont autant d’outils nécessaires à une nouvelle étape professionnelle.
Que transmettre ?
Revoir son parcours et l’analyser conduit à définir sa spécificité, son unicité. En comprendre les rouages permet de découvrir ses forces et de transmettre certains enseignements. Mais un tel parcours peut-il avoir une quelconque utilité pour les nouvelles générations, étant donné que les modalités récentes de mise en œuvre du changement technologique dans l’entreprise conduisent à faire de la disruption la nouvelle norme ? Un élément de réponse est peut-être que le changement sous toutes ses formes, via les modèles disruptifs des startups et des nouveaux business models ou dans le cadre d’une multinationale, reste une constante sur la durée d’une carrière ; les expériences et relations interpersonnelles du consultant qui ont été affinées au cours de son parcours sont autant d’atouts permettant de définir une marche à suivre ou d’en entrevoir les écueils à éviter. S’il permet à certains de mieux se repérer, alors cette analyse et les échanges qui s’ensuivront n’auront pas été vains.
Eric Coursin
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